Dans la valise, les médicaments pour apaiser et soulager les défaillances physiques, achetés par les dons des amis qui permettront aussi d’acheter quelques vêtements d’hiver pour ceux qui n’en ont pas.

Dans la tête, l’énergie de poursuivre la tâche sans relâche, malgré la colère devant tant de misère humaine et l’aveuglement de l’Europe.

Un séjour intense, une fois encore, ponctué par de multiples et diverses actions… Distribuer l’aide fournie chaque mois par Choosehumanity (bons d’achats de nourriture et financement du loyer)… Retrouver avec un immense plaisir nos « bénéficiaires » et en profiter pour dispenser des soins, répéter les conseils médicaux de posture, d’alimentation, d’hydratation ou tout simplement fraterniser en reparlant de Chios, de Samos, d’Athènes. Entre les actions médicales, participer aux distributions de nourriture de SOS Refugees Athens, notre organisation partenaire à Athènes. Voir de nouveaux patients dans l’appartement de Choosehumanity, dans leur chambre ou sous un pas de porte. Mais comment apaiser le désespoir, l’anxiété du présent, la  peur de l’avenir, la précarité avec du paracétamol ? Revoir cet interprète aussi, parqué dans l’immonde camp de Ritsona, abandonné de tous, et particulièrement de l’une des deux multinationales de l’humanitaire pour laquelle il a travaillé plus de deux ans.

Dans la rue, je suis reconnu et me fait agripper par un jeune africain pris en charge à Samos en 2021. Il ne peut cacher son émotion…Était-ce le fait de se revoir ou revivait-il l’hémorragie sévère qui fut à cette époque difficilement contrôlée avec les moyens du bord ?

Lors d’un repas partagé dans la chaleur confortable d’un petit restaurant grec, je me réjouis de réaliser que le mélange des cultures engendre également des élans de solidarité. Quel bonheur de voir les sourires d’une quinzaine de personnes réfugiées présentes ce soir-là-

Athènes est paralysée par le froid et la neige en cette fin du mois de janvier. Vient ensuite la pluie, qui se calme peu à peu. Dans le ciel, la grisaille persiste. Pas un rayon de soleil pour réchauffer  les réfugiés qui déambulent aux places Victoria et Amerikis, et dont les appartements n’ont pas de chauffage. Quant à ceux qui dorment dans la rue… terrible… Comme cette réfugiée déjà âgée, que Mary a rencontrée par hasard et qui a pu occuper quelques jours la chambre d’un petit hôtel, avant d’être placée dans un appartement, ceci grâce aux dons des personnes qui nous soutiennent.

A deux stations de métro de là, autour des places Syntagma et Monastiraki, touristes et grecs privilégiés flânent  bien emmitouflés. Les portes des boutiques de luxe restent grandes ouvertes laissant s’échapper la chaleur élevée des intérieurs surchauffés. La conscience écologique et la crise énergétique ne touchent pas tout le monde de manière identique…

Pierre-Alain Schmied