Retour d’Athènes après une semaine de séjour. Retrouvailles magnifiques et émouvantes d’une vingtaine de réfugiés qui restent tous dans une situation précaire. Distribution d’un peu d’aide (grâce à la générosité d’amis et de Choosehumanity) pour améliorer leur alimentation ou acheter les médicaments nécessaires et essayer d’apaiser leurs angoisses persistantes du lendemain.  Escapade aussi pour aller en voir d’autres au camp de Ritsona à 1h de voiture d’Athènes. J’y ai retrouvé  I… qui est toujours en attente du traitement d’un volumineux kyste thyroïdien et de Y. qui vient d’être  opéré de sa fracture de mâchoire de février ! Sans oublier D. un de mes traducteurs à Samos.

J’ai vu et évalué une fillette de 2 ans, atteinte de Noma, affection dramatique qui détruit les tissus de la face. La moitié de sa bouche et d’une joue a totalement disparu, laissant un trou béant… Pas moyen d’envisager une reconstruction chirurgicale avec le rejet d’asile de toute sa famille, la maman et ses quatre enfants  qui se terrent dans un petit appartement, sans plus sortir et sans futur.

Plus positif : un appartement a été trouvé pour des protégés de Choosehumanity, un 2ème est réservé. Les baux seront signés par la présidente de Choosehumanity  pour accueillir et loger 5 réfugiés, avec des places en réserve  pour des situations urgentes à venir.

Soulagement pour eux, même si il a fallu énergie et enthousiasme pour repeindre l’espace (magnifique travail des réfugiés, sous la baguette de Mary Wenker !), trouver l’ameublement et le nécessaire pour les accueillir simplement mais dignement, grâce à la générosité de Martine R.

Bon contact avec la coordinatrice d’une ONG médicale avec essai de collaboration fin octobre.  Hélas, je n’irai plus à Samos avec le départ de Medequaliteam de l’île, suite aux conditions inacceptables imposées par l’administration grecque.  Sentiment d’impuissance et de tristesse d’abandonner les quelques amis qui restent sur l’île et qui seront prisonniers derrière les barbelés du nouveau camp.

Image terrible reçue dimanche soir 19 septembre de S…syrien : nouvel incendie ravageant la jungle de Samos, heureusement sans blessés. Dernier épisode d’une longue série traumatisant toute l’île : réfugiés, bénévoles d’ong, grecs insulaires, le jour avant le début de transfert des réfugiés restants dans le nouveau camp sous le regard voyeur de journalistes. De la jungle à la prison… Payé par l’Union Européenne, le camp  ressemble à une prison,  loin de tout et surtout des regards. En sortir la journée nécessitera contrôle et justification. Il y aura quelques bus pour se déplacer vers la ville, trajet payant  Toute sortie en sera interdite le soir et la nuit.

Tristesse. Avec raison, Medequaliteam n’a pas accepté le flou et les conditions imposées par l’administration grecque. L’ONG abandonne les migrants, ferme la clinique dans une semaine, ne travaillera plus à Samos. Une réserve de 3 mois de médicaments est donnée à chaque patient souffrant d’une maladie chronique : hypertension, maladie cardio-vasculaire, diabète, etc.  A  ce jour, incertitude absolue quant à l’aide et soins médicaux de base que pourront recevoir les « prisonniers ». C’est bien sûr un soulagement de savoir que l’ancien camp va fermer mais l’inquiétude reste immense : que va-t-il se passer pour les migrants dans les îles à l’heure où les renvois en Turquie se multiplient, les murs aux frontières s’allongent, et les droits humains  sont bafoués ?

Ne les oubliez pas, qu’ils soient ici, là-bas, ailleurs dans le monde

Doc Pierre, septembre 2021