Fin février 2025, nouveau départ pour la Grèce,  l’idéal  de Choosehumanity dans la tête, les médicaments dans la valise, des euros dans la poche  pour offrir quelques soins dentaires.

Retrouver Thessalonique pour cinq semaines. Froid hivernal et ciel voilé, assombri de pollution et de particules fines contrastant avec la lumière éclatante des stations rutilantes du métro automatique récemment ouvert avec la superbe et étonnante station Venizelou, véritable musée mettant en scène ruines grecques et romaines avec photos et videos explicatives. Touristes peu nombreux malgré l’ouverture du festival international de films documentaires.

Rejoindre l’ONG médicale, travailler avec de nouveaux volontaires, collaborer avec  Sarah,  coordinatrice médicale dont le professionnalisme et l’empathie allègent le quotidien, apaisant les tensions avec subtilité et les rivalités avec doigté. Pas toujours simple avec une équipe internationale de médecins, infirmières et autres volontaires en majorité très jeunes et fiers de leur enthousiasme.

Le travail est surtout possible grâce aux traducteurs, efficaces, indispensables, amicaux et tous migrants. Merci à Mohammed, Ali, Mohammad et tous les autres.

Occasion aussi d’entourer aux mieux deux jeunes étudiantes en médecine grecques pour illustrer le travail médical lorsqu’elles nous rejoignent pour quelques heures.

Début de Ramadan le 4mars : plus difficile pour les patients et pour l’organisation des soins décentralisés : en ville de Thessalonique, à Lagadikia à une heure de voiture ou à Ioannina, à 3 heures de voiture. L’équipe y passe la nuit, installation précaire sur les canapés de l’appartement de l’ONG  bernoise BAAS.

Les soins sont dispensés à des afghans, des arabophones, quelques somaliens, tous arrivés ces derniers mois, après un transit dans les îles. Très nombreux, des centaines par semaine, comme le confirment les messages hebdomadaires de l’ONG Aegean Boat Report qui signale hélas toujours des pushbacks vers la Turquie par les forces navales grecques.

A chaque départ en consultation, entasser les caisses de matériel et médicaments dans le Van fourni par l’ONG suisse  Van For Lifepour accueillir les migrants aux pathologies respiratoires, digestives, cutanées, rhumatologiques, toutes aggravées par les séquelles de stress post traumatique, le cauchemar du passé, l’anxiété du présent et du futur.

Souvent rester impuissant. Comment aider une famille afghane avec 3 enfants en bas âge, dévastée par le rejet d’asile ? Comment trouver insuline et matériel d’injection à un migrant lui aussi rejeté ?  Essayer d’aider un syrien, dans la rue depuis une semaine, à trouver un logement : expulsé du camp qu’il a dû quitter en 48 heures parce que sa demande d’asile a été acceptée. Une bonne nouvelle au goût amer. Quel paradoxe !

Multiplier les visites de pharmacies et de magasins d’articles orthopédiques pour acheter le matériel et les médicaments manquants : attelle ligamentaire, gel oral antimycosique ou  flacon d’antiseptique de douche pour éviter la récidive d’abcès cutanés.

Tenter d’obtenir un rendez-vous à l’hôpital pour un quadragénaire afghan dont l’hypertension reste sans traitement malgré plusieurs demandes écrites au médecin grec du camp.

Repartir en emportant les sourires, les remerciements  et signes de reconnaissance et bienveillance des migrants, sentir déjà le besoin de repartir pour un peu d’aide aux victimes de la cruauté et de l’égoïsme des hommes…

Et surtout essayer de garder espoir et confiance grâce à Janelle, née le 7 mars, magnifique petite fille, fierté de son papa, migrant africain rencontré à Samos il y a plusieurs années, toujours en galère après plusieurs rejets.

 

Avec amitié, prenez soin de vous !

Doc Pierre