Octobre 2025

Bientôt 10 ans ! Choosehumanity célèbrera en effet son dixième anniversaire l’an prochain. Avec une célébration fort sympathique organisée le 20 mars 2026 à Epalinges, réservez d’ores et déjà cette date, vous en saurez plus dans les semaines qui viennent !

Regarder dans le rétroviseur.

Que s’est-il passé durant toutes ces années ? Des espoirs fous, sur les plages de Chios où nous accueillions des migrant·es ayant traversé la Méditerranée, les imaginant pouvoir enfin vivre dignement sur « le continent des droits de l’homme », aux déceptions toujours plus grandes accumulées au fil du temps en raison d’un durcissement drastique de la politique migratoire. Où donc est passée notre humanité ?

Vous conviendrez que cette humanité a déserté vitesse grand V notre environnement, entraînant avec elle une bonne tranche de solidarité. Des gouvernements qui savent, mais se voilent la face et se taisent, la Suisse – dépositaires des Conventions de Genève bien placée dans les têtes de liste. S’agissant de la Grèce, la Suisse sait que les personnes ayant obtenu l’asile sont contraintes de quitter les « hébergements » dont ils ont été les hôtes (peut-on parler d’hébergements s’agissant des camps dont on sait la précarité) dans les 30 jours qui suivent, n’obtiennent aucune aide ni à l’intégration professionnelle ni au logement, aucun subside leur permettant de s’orienter dans un premier temps… L’on sait aussi que certaines populations sont victimes de discrimination douloureuse (les ressortissant·es du continent africain plus particulièrement). On les sait exploitées, humiliées. On reconnaît l’incapacité de la Grèce à assumer dans les règles de l’art son mandat d’accompagnement des personnes accueillies. Et pourtant. La Suisse n’hésite pas à renvoyer celles et ceux qui tentent de rattraper le train de leurs espoirs dans notre pays. Des familles qui vivront à la rue. Des jeunes filles dont on peut imaginer la seule façon qu’elles auront de survivre. Honte à ce monde qui toujours plus privilégiée l’individualisme et le profit…

C’est dire les conditions dans lesquelles nous poursuivons notre tâche… Pour ne pas s’écrouler, il a fallu redéfinir nos objectifs. Non, il n’est pas réaliste d’accueillir ces personnes et, dans un espace temps de 6 à 12 mois, croire les voir s’envoler libres et autonomes. Aujourd’hui, il est plus important que jamais de jouer les cartes de l’urgence. De l’ici et maintenant. Leur donner un coup de pouce pour financer leur logement, leur fournir des coupons qui leur permettent d’acquérir de la nourriture, rétribuer un dentiste qui prodiguera pour un tarif solidaire des soins vitaux, acquérir le nécessaire pour permettre aux enfants de se rendre à l’école, être à leur disposition pour les écouter lorsqu’ils font appel à nous. Mais surtout, partager des moments de légèreté, de joie, d’amitié. De ces moments qui font dire à nos amis réfugiés « je me sens humain à nouveau », aux enfants de rire en dégustant une glace ou un hamburger, aux mères de partager avec nous leurs préoccupations. Semer des graines de bonheur, pour que chacun·e, eux et nous, puissent y puiser la force de poursuivre le combat.

Sans vous, tout ceci ne serait pas possible. Ces graines de sourires, vous les semez avec nous. Nous vous en remercions du fond du coeur. Bénéficier de votre confiance est un cadeau d’une valeur inestimable. Continuez à nous soutenir s’il vous plait. Nous ne pouvons décemment déposer les armes.

La fin de l’année approchant, je vous la souhaite, au nom du comité, sereine et aussi lumineuse que possible.

Bien à vous,

Mary Wenker